Le roseau et le dragon
Construction d’un multi accueil, d’une salle polyvalente, d’un accueil périscolaire et des locaux annexes
Périscolaire Passif Biosourcé
Saint-Nazaire (44)
914 m² / 2.930.000 €HT
Maître d’ouvrage Ville de Saint-Nazaire
Equipe (base Mop)
Emacoustic / Sicc / Plein Air Paysage / 180° / IBC / Overdrive
Programme Construction d’un multi accueil petite enfance, d’une salle polyvalente, d’un accueil périscolaire/accueil de loisirs et des locaux annexes
Concours Janvier 2019 (non retenu)
crédit images François Hennequin
Un vent du Noroît se lève des côtes de Saint Nazaire et embarque dans sa tourmente le paysage du littoral et des marais, celui des légendes de marins et des contes de chaumière.
Du parc régional de Brière à l’estuaire de la Loire, on raconte qu’une chimère à la crinière de dragon se niche au cœur du quartier du petit Caporal, aux abords de l’école de Brossolette. Il habite une demeure de roseaux, épaisse et enveloppante et accompagne tous les jours dans la féerie de la vie, les enfants, grands et petits. Il est l’œuvre de l’imaginaire collectif, il abrite une diversité de couleurs, d’histoires, de natures…
A couvert du dragon, depuis le parvis de l’école, il nous mène par un patio fleuri dans une grande bâtisse de chaume. L’intérieur y est coloré, lumineux, l’air sain. Protectrice des bruits, des regards, de la pluie, du froid et de la chaleur, elle offre un univers propice à l’épanouissement de l’être.
Derrière l’entame de ce récit, le projet souhaite prolonger la force symbolique et esthétique face à la prise de contrôle de la rationalisation de tous les champs ou presque de l’existence. Et penser avec lui la possibilité de reconstruire ou d’inventer, en ville comme à la campagne, de nouveaux actes féconds, capable de produire à nouveau du territoire, ou plutôt de nouvelles relations fertiles entre les établissements humains et le milieu naturel. Ces réflexions nous ramènent, tout simplement, aux fondements de l’acte de bâtir au sein d’une société. Modeste mais loin d’être insignifiante, sensuelle et poétique, cette bâtisse s’inscrit dans le tissu des gestes des êtres qu’elle abrite, des communautés qu’elle rassemble. Elle se nourrit des imaginaires locaux et veut toucher autant les sociétés que chacun de nous.
En longeant la rue Guy de Maupassant, la nouvelle se répand qu’ici, il fait bon vivre…
L’ancienne ferme historique du quartier du petit Caporal à Saint Nazaire, témoigne de l’identité singulière de ce lieu. Le nouvel équipement doit non seulement dialoguer avec ce patrimoine, mais également lui rendre hommage en le transformant en une écriture plus singulière encore, symbolisant la rencontre entre le passé vivant et la nouvelle activité florissante de l’éducation. L’architecture du centre multi-accueil souhaite réconcilier la terre et les hommes ; une écologie qui ne soit pas qu’environnementale mais aussi sociale -interrogeant les réalités culturelles – et mentale – attentive à la manière dont se construit la subjectivité humaine.
Le langage architectural du nouvel équipement convoque pour cela à la fois l’archétype de la chaumière et celui de l’architecture de patio. L’épaisseur de la chaume en toiture et en façade autant que l’enroulement du projet autour d’un patio participent à l’équilibre des activités du bâtiment et à son expression résolument contemporaine.
L’implantation du projet est dictée par les forces en présence ; au nord l’architecture de patio de l’école et sa cour centrale préservées, à l’ouest les vieux chênes, à l’est l’entrée sur le site de l’école contenu par le réfectoire et au sud la nouvelle voie Guy de Maupassant pacifiée.
Au devant de la « scène publique », il structure l’entrée du site et dégage un parvis minéral généreux en partie abrité.
Un dispositif de auvent facilite cette déambulation à couvert vers les différents éléments du programme.
Il est support de biodiversité créative…. Des nichoirs, des plantes grimpantes, des couleurs flamboyantes, il sera le totem co-crée avec les habitants du quartier, les enfants de l’école et l’artiste retenu; aujourd’hui, il est une première ébauche.
Le patio, espace à ciel ouvert organise de façon rationnelle le plan et la géométrie du programme.
Il concentre les accès aux fonctions actives du projet ; sur le pignon sud les annexes de quartier, celui de l’est la salle polyvalente projetée vers le quartier, et sur la façade sud du patio l’entrée dans le hall traversant en lien direct avec la cour de récréation de l’école au nord.
De proportion rassurante, à la mesure des enfants, le nouvel équipement public de Brossolette est un organisme solaire vivant à la vêture noble; qui respire et se régule naturellement.